~ Les Secrets de Beaucaire ~
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 Nouvelle pour le jeu

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Christia
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MessageSujet: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Dim 11 Juin - 20:59

Remarque préliminaire : j'ai écrit ceci sur un coup de tête. J'y ai incorporé certains personnages du jeu et je les ai fait agir tels que je les vois.
Si ce texte peut vous heurter, je m'en excuse, certaines scènes pouvant être un peu dérangeantes pour certains.

Passion mortelle


Nouvelle pour Les roses du passé



Elle s’appelait Marie, et elle avait 21 ans quand la malédiction avait frappé.
Elle était domestique au château. Elle savait que la maîtresse de maison dirigeait tout le monde d’une main de fer, mais elle savait aussi qu’elle serait nourrie et logée. Peut-être mal, mais c’était toujours mieux que de mendier des piécettes à la sortie de l’église ou de devenir putain.
Car Marie avait besoin d’un peu d’argent. Elle avait confié son fils, Antoine, à sa sœur, qui avait une ferme près d’Angers. Elle espérait gagner suffisamment pour pouvoir acheter un tout petit lopin de terre qui lui permettrait de faire pousser des légumes et qu’ils puissent survivre.
Antoine avait 4 ans déjà, et elle ne l’avait vu que pendant sa première année.
Ensuite, elle était venue travailler ici et Madame de Saint Yves avait refusé qu’un « marmot » vienne vivre au château. Marmot, c’était le mot qu’elle avait employé. Drôle de mot pour décrire un enfant avait pensé Marie, mais elle ne la connaissait pas encore à l’époque.
Après trois ans passé à faire les pires tâches du monde, sans aucune reconnaissance, elle avait enfin compris qui était Aurore de Saint Yves et elle évitait autant que possible de croiser son chemin. Au mieux, elle n’aurait droit qu’à de l’indifférence. Au pire, elle aurait récolté de critiques acerbes pour n’importe quelle raison.
Une fois, Madame de Saint Yves l’avait réprimandée pour avoir eu sa soupe pas assez chaude. Marie avait eu beau lui dire que ce n’était pas elle la cuisinière, la maîtresse de maison ne l’en avait pas moins punie.
Non, il ne faisait pas bon être domestique ici, à cette époque.

Mais ce fut bien pire après la malédiction.

Cette vieille femme les avait maudits, tous, sans exception, étant aussi aveugle qu’Aurore de Saint Yves. Elle n’avait pas distingué ceux qu’ils fallaient vraiment punir et les autres.
Et Marie avait été là au mauvais endroit, au mauvais moment.
Quand elle avait compris ce qui se passait, quand les autres commencèrent à hanter les couloirs alors qu’ils étaient morts, Marie compris ce qui se passait.
Le lendemain de cette prise de conscience, elle était allée voir l’aumônier du village et avait confessé ses fautes.
L’après midi, elle se pendait dans sa mansarde, tout espoir envolé.

Ce fut lorsqu’elle tomba de la corde qu’elle comprit que quelque chose n’allait pas. Son corps était toujours accroché par le cou, le visage avait prit une teinte bleutée et ses jambes s’agitaient encore de façon spasmodique. La langue pendait.
Marie ne ressentait rien au spectacle de ce corps qui se balançait et qui avait été le sien.
Etrange, pensa-t-elle. Peut-être que les sentiments disparaissaient avec la vie ?
Mais il n’en était rien et elle l’apprit à ses dépends.

Bien sûr, le château se vida de ses habitants mais tous avaient compris qu’ils y reviendraient un jour, sous forme d’ectoplasme, comme elle.
Elle arrivait à traverser les murs maintenant, ne ressentant qu’un petit chatouillis passager.
Tout cela était dérangeant et contre l’ordre établi par Dieu.
La vieille était-elle une sainte envoyée par Dieu pour les punir de leurs pêchés ou bien une sorcière prise d’un accès de folie ?
Cela non plus, Marie n’en eu jamais la réponse, la vieille ne revint jamais.

Dès lors, les choses changèrent. Certains devinrent fous à force d’errance ; certains disparurent, comme le maître de chasse, et la maîtresse des lieux s’enfermait dans sa chambre pour pleurer sur ses malheurs.
Marie, elle, quitta le château un jour pour retrouver son fils.
Elle se sentait mal loin du château mais la volonté de revoir Antoine était la plus forte.
Quand elle le revit, elle se rendit compte qu’elle ne pouvait pas lui apparaître ainsi, elle allait l’effrayer.
Aussi resta-t-elle à l’écart de lui, l’observant de loin, l’aidant quand elle le pouvait, comme lorsqu’il eut 10 ans et que des loups l’encerclèrent en plein hiver. Elle les fit fuir et elle fut certaine que son enfant l’aperçut, mais sous une vague forme.
De plus, pour lui, sa vraie mère était la sœur de Marie, et la pauvre fantôme souffrait, toujours plus.
Antoine devint une adolescent dur à la tâche, puis un homme qui épousa une charmante femme du coin.
Ils eurent un enfant à leur tour, une petite fille qu’ils appelèrent Marie, à la demande de la mère d’Antoine, enfin celle qu’il croyait être sa mère.
La vraie Marie en fut tellement retournée qu’elle sentit ses forces déclinées rapidement et le besoin de retourner au château se fit urgent.

Des années avaient passées et seuls restaient désormais les fantômes.
Aurore de Saint Yves traînaient dans les couloirs, n’adressant la parole à personne, plongée dans son chagrin, telle une dame blanche des anciens comptes, et les autres habitants avaient commencé à l’appeler ainsi.
Plus personne ne s’occupait de l’entretien et la poussière s’accumulait partout.
Le temps passa et Marie errait elle aussi, passant beaucoup de temps auprès d’Anton, le jardinier, un homme bon et calme avec qui elle aimait rester pour discuter, ou juste le regarder soigner ses fleurs.
La serre était le seul endroit encore entretenu.

Puis, un jour, Marie retourna voir son fils.
Elle apprit qu’il était mort et la jeune Marie avait à son tour épousée un homme assez riche, chose incroyable, et elle vivait à présent à Angers avec son bourgeois de mari, un commerçant de soie.
Marie veilla sur elle quelques temps puis s’en retourna au château, apparemment incapable d’en rester éloigné trop longtemps.

Là, quelle ne fut pas sa surprise de voir des vivants y séjourner.
Le château avait été racheté lui apprit Anton et une nouvelle famille s’y était installée.
Marie fut heureuse car le château revivait, d’une certaine manière, et elle épia les actes des vivants.
Surtout de l’un d’entre eux.
Marc était le fils cadet de la famille. Nullement craintif des fantômes, il avait 16 ans et Marie le vit un jour dans sa baignoire et elle sentit un élan de plaisir quasi sensuel la gagner alors qu’il lavait chaque partie de son corps.
Marie n’avait guère eu d’amants dans sa vie. La seule incartade qu’elle avait commise s’était soldée par la naissance d’Antoine. Rien de très glorieux.
Mais quand elle vit les épaules du jeune homme, son ventre plat, son sexe si lisse, elle ressentit le besoin de le toucher, de le goûter, de le sentir.
Comment parvint-elle à se matérialiser ensuite, elle n’en sut jamais rien.
Mais le fait était là : devant Marc, la douce chaleur qui l’envahissait lui permettait de lui apparaître.
Anton lui avait dit de se méfier, mais Marie voulait regoûter à la vie, d’une manière ou d’une autre.

Elle apparue la première fois devant Marc alors qu’il faisait une promenade à cheval.
Sa présence perturba le destrier et marc tomba à la renverse.
Marie fut instantanément près de lui et souleva sa tête pour constater qu’il avait une petite coupure sur le front.
Prenant un morceau de sa jupe, elle l’épongea et sourit au jeune homme lorsqu’il revint à lui.

Il est impossible de décrire ce qui se passa entre eux ensuite. Les paroles qu’ils échangèrent, les gestes qu’ils eurent l’un pour l’autre, tout fut féerique aux yeux de Marie.
Pour Marc, c’était une femme tout ce qu’il y avait de plus normale, comment aurait-il pu se rendre compte qu’elle n’était pas vivante ?
Deux jours plus tard, il la couchait dans son lit et elle connut le plus grand bonheur de son existence.
Plongée dans une suite de délices tous plus agréables les uns que les autres, elle sut qu’elle était amoureuse lorsqu’elle cria sa jouissance la première fois.
Elle savait aussi qu’elle dirait tout à Marc car elle ne pourrait jamais garder un tel secret.

C’est ainsi qu’elle lui avoua tout deux mois plus tard. Ils n’avaient pas arrêté de faire l’amour, tout le temps, n’importe où. Il avait la fougue de ses 16 ans, elle avait une soif de vie inextinguible.
Il se rendait compte qu’elle était bizarre mais lui aussi était amoureux et elle ne voulait pas qu’il pose trop de questions.
Alors il se taisait et attendait mas Marie sentait qu’il était temps de tout avouer.

Il est dur également de définir ce qui changea dans son regard lorsque la vérité se fit jour en lui, que la compréhension atteint enfin son conscient.
Marc la repoussa alors, il eut peur, il fut effrayé même que la femme qu’il aimait soit morte quelques 50 ans plus tôt.
Comment lui en vouloir ?
Marie tenta bien de lui expliquer, il s’enfuit, lui demandant de ne jamais le revoir.
Elle tenta bien une fois ou deux de lui expliquer encor et encore, mais Marc avait changé et ne voulait plus l’aimer.

Alors elle veilla sur lui, de loin, silencieuse, comme tant d’autres fantômes du château qui ne voulaient pas encore se mêler des hommes.

Mais tout changea lorsque Marc s’enticha d’une petite servante. Un an s’était passé et Marie n’était plus jamais reparue directement devant lui. L’avantage d’être fantôme : pouvoir observer sans être vu.
La haine qui lui perfora le cœur lorsque Marc coucha avec sa bonniche fut encore plus forte que l’amour qu’elle lui avait porté.
Anton l’avait prévenue, il ne faut pas s’attacher aux humains.
Il avait eu raison. Elle avait eu tort.

Le lendemain, quand une servante vint trouver le jeune maître pour son petit déjeuner, elle trouva le corps de l’autre servante dans un coin de la pièce, le visage bleu, la bouche ouverte sur un cri silencieux, les yeux tellement exorbités qu’ils avaient manqué jaillir de leurs orbites.
Mais ce n’était rien par rapport à ce qu’avait subit le jeune Marc.
On ne retrouva pas un centimètre de peau qui ne fut pas ensanglanté, comme si mille aiguilles l’avaient déchirées. On ne retrouva pas non plus ses yeux, tout comme son pénis.

Le lendemain, la famille revendait le château à quelqu’un d’autre et tout le monde déménagea.

Quant à Marie, plus personne ne la revit jamais.

On raconte parfois que certains soirs de pleine lune, on aperçoit une femme marchant près de la serre, parlant toute seule, perdue dans son monde.
On raconte aussi que, quand la lune est pleine, on voit aussi dans ses mains deux yeux brillants qui la fixent, pleins d’horreur.
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Constanc
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Lun 12 Juin - 4:35

J'ai bien aimé. Vive l'imagination ! Non mais, je dois dire que j'ai apprécié lire ta nouvelle. Wink Franchement bravo.
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Liam Bra
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Lun 12 Juin - 4:51

C'est vrai qu'elle est bonne sa nouvelle. Surtout la fin.

On raconte parfois que certains soirs de pleine lune...

C'est traditionnel pour ce genre d'histoire mais c'est ce que j'aime moi lol
Les belles histoires de grand-mère Bradshaw mdrrrrr

Une petite touche d'horreur avec ça ! Ah oui ! ( Suis pas maso hein ! What a Face )

Numéro uno !
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Vicomte Charles Montval
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Lun 12 Juin - 9:35

Ah vraiment bien ! (Chouette j'ai un rôle ^^) J'avais zappé le titre "passion mortelle" du coup la fin m'a pas mal surpris lol.

Je mentionnerai ta manière de voir les débuts de notre errance un jour ou l'autre dans le jeu, ça me paraît logique et bien pensé. J'ai l'impression d'y voir plus clair à ce sujet maintenant lol. (Tu veux pas devenir notre historien officiel ? XD Moi j'ai ma théorie sur les fantômes alors j'veux bien la décrire en parallèle pour mettre tout ça au point.)
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Elisabet
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Lun 12 Juin - 13:42

Ouah... super ! ^^
J'aime beaucoup ta vision des choses. Surtout la fin et la folie qui prend Marie, je dois dire que j'ai été assez surprise (oui moi non plus j'ai pas fait gaffe au titre)... Bravo !
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Marie Leguerec
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Lun 12 Juin - 18:55

Une nouvelle d'épouvante comme on les aime et qui rappelle un peu celles de Maupassant ou du Poe.

...Eh chouette, j'ai un homonyme fantôme! What a Face
Et que nous apprend cette histoire ?: Un coeur peut se briser, même lorsqu'il a cessé de battre.
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Christia
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Jeu 15 Juin - 23:35

Merci à toutes et à tous, ça fait plaisir.
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Ghost
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Jeu 15 Juin - 23:42

J'ai pas eut le temps de la lire mais je le ferais.
En tout cas sachais qu'une nouvelle histoire est en cours de préparation mais ca mettra surement un peu de temps.
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Luciale
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Ven 16 Juin - 0:06

C'est super! T'as une imagination folle dis-donc! En plus, je l'aime bien cette Marie! Sa eprsonalité, sa vie, ses choix et tout... C'est très entrainant ton truc! Bravo!
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Ghost
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Ven 16 Juin - 0:15

Fiou j'ai commencé à lire j'ai même du ignorer mes contacts msn tellement j'avais envie de continuer à lire. Mais je pense que l'on fera des histoires comme ca à rajouter en complement de la vraie histoire que je dois faire d'ailleurs.
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Clémence de Faussigny
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Ven 16 Juin - 0:17

Sympas comme recit !
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Angèle L
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Ven 16 Juin - 22:34

Moi si vous voulez mon avis personnel... De toute façon vous avez pas le choix Laughing . C'est super!!! Quel talent! Tu serais pas écrivain par hasard?
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Christia
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Ven 16 Juin - 22:39

Non angèle, ce n'est pas mon métier, mais j'avoue adorer écrire de petits récits.
Je trouve cela amusant.
En tout cas, merci à tous pour vos remarques, ça me touche beaucoup !
(verse une petite larme)
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Christia
Invité
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 12:09

Voici une nouvelle tournée cette fois autour de l'un de mes personnages.
Encore une fois, je préviens que certaines scènes peuvent choquer...

Déchéance


Nouvelle pour les roses du passé




Johnattan était en train de dresser son nouveau chiot, un gentil Setter mais qui n’avait pas encore l’instinct du tueur qu’il fallait à tout bon chien de chasse, lorsqu’il la vit.
Elle était jeune, plus jeune que lui en tout cas, sans doute 16 ou 17 ans. Elle avait un peu le regard fuyant, comme ces jeunes biches, avec des yeux marron très doux. Sa peau était blanche, comme souvent à cette époque et elle se mouvait avec une grâce personnelle, comme si un tapis invisible amortissait ses pas, la rendant belle.
Johnattan tomba amoureux.
Comme ça, d’un coup, sans vraiment comprendre pourquoi.
Il avait 32 ans à l’époque et les femmes demeuraient un mystère pour lui.
Comme beaucoup, lorsque le besoin se faisait trop fort, il allait voir les prostituées du village mais il savait qu’elles ne l’appréciaient pas. Il sentait le chien et il était assez brutal. Elles acceptaient son argent puis lui disaient invariablement qu’elles devaient retourner travailler. Johnattan savait que c’était un mensonge car ses amis lui racontaient comment ils passaient toute une nuit avec elles.
Il repartait de là toujours déçu et frustré, ce qui ne l’empêchait pas d’y retourner, quelques mois plus tard.
Décidément, Johnattan n’aimait pas les femmes. Il ne les comprenait pas, de toute façon. Sa propre mère ne l’avait pas aimé, le laissant souvent se débrouiller pour trouver à manger.
Très jeune, il avait erré dans le village, en compagnie des chiants errants qui étaient beaucoup moins compliqués que les hommes. C’était avec eux que le jeune Johnattan se sentait le plus à l’aise, avec eux qu’il luttait pour grappiller de la nourriture quand sa mère partit un jour, l’abandonnant sans un mot à la misère, sans doute pour faire fortune ailleurs, le laissant avec son incompréhension et le sentiment d’abandon profond qui ne l’avait jamais quitté.
C’est ainsi qu’il avait grandi, au milieu des chiens. Les chiens qui allaient devenir toute sa vie.

En un sens, on aurait pu dire qu’il avait eu de la chance quand il croisa le noble habitant au château. Il avait dressé un de ces chiens pour faire des tours de passe-passe dans la rue et gagner de quoi manger.
Le baron s’était arrêté, droit sur son cheval, digne et le regard brillant d’intérêt. Il avait observé le manège du chien et sourit devant ses cabrioles. Il avait donné plusieurs pièces d’argent à Johnattan qui s’était courbé devant lui avec moult bénédictions.
Le baron lui avait dit que son maître veneur était vieux et qu’il cherchait un remplaçant.
Johnattan accepta bien sûr, c’était la promesse d’une vie paisible avec de la soupe régulière et un toit où dormir.
Il jura au baron fidélité éternelle et l’accompagna au château.

Il y eut les années d’apprentissage ensuite, avec le vieux maître, un homme dur qui lui apprit le respect des bêtes et les secrets du métier, mais un homme qui devint aussi proche de lui qu’un père aurait pu l’être.
Lorsqu’il mourut, seul Johnattan et le baron assistèrent aux funérailles, payées par le baron lui-même.
Le noble était un homme dur mais bon avec ses employés et il les traitait équitablement.
Johnattan aurait fait n’importe quoi pour lui.
Il devint son maître veneur et était traité avec respect.
Johnattan fut heureux, du moins quelques temps.

Puis, un jour, la fille du châtelain arriva, une superbe fille n’ayant jamais connu la faim ou la souffrance. Le baron lui passait tous ses caprices et elle en jouait.
Heureusement, Johnattan n’avait que peu à faire avec elle, même quand elle ordonna la mort d’un de ses chiens parce qu’elle avait marché dans une de ses déjections, il ravala sa colère et mit fin à l’existence de cet animal sous le regard du baron.
Mais le baron la tempérait malgré tout.

Pendant ce temps, Johnattan se débattait avec ses rêves de femmes. Il espérait un jour en rencontrer une qui ne rirait pas de lui, une fille douce qui l’aimerait malgré son odeur animale et sa gaucherie.
Mais ses cauchemars étaient forts aussi et parfois il se réveillait plein de sueur avec des idées de meurtre, de sang et de sexe. Il rêvait souvent de vengeance, lorsqu’une femme tomberait entre ses mains et qu’il aurait tout pouvoir sur elle.
Parfois, c’était le visage de sa mère qu’il voyait.

Puis, les choses changèrent lorsque le baron mourut. Ce fut sa fille, Aurore, qui hérita du château et qui dicta sa loi.
Aurore, la belle Aurore, l’enfant gâtée et capricieuse. Elle savait faire tourner la tête des hommes grâce à un sourire. Elle savait se montrer cruelle et blessante aussi et Johnattan était ravi de vivre un peu éloigné du château. Il plaignait réellement les autres domestiques qui devaient la supporter.

Puis, il y eut cette jeune fille qu’il croisa par hasard et dont il tomba amoureux.
Marguerite…
Le soir, en repensant à ce fin visage, il se donna du plaisir en solitaire et sa jouissance fut plus forte que lorsqu’il montait des catins.
Il ne connaissait rien d’elle mais il se renseigna rapidement.
Il découvrit qu’elle habitait le village ; c’était la fille du tisserand, un homme tranquille que Johnattan connaissait peu.
Il s’imaginait mille raisons pour gagner la boutique et lui parler, lui demander la main de sa fille, mais il se voyait toujours opposé un refus. Quel père voudrait confier sa fille à un homme qui sentait le chien ?
Johnattan était désespéré.
Il errait souvent sur la route, espérant croiser « par inadvertance » marguerite, mais son attente fut vaine.

Pendant ce temps, il oublia complètement la vie du château et la malédiction qui les frappa un soir de novembre.
D’ailleurs, il ne se rendit compte de rien, à part que ses chiens devenaient de plus en plus nerveux. Mais Johnattan pensait que c’était dû à sa propre nervosité et il ne s’en inquiéta pas outre mesure.

Puis, un des jours suivants, Marguerite passa près du château et croisa la route de Johnattan qui traînait par là, par « inadvertance ».
Elle lui sourit gentiment et Johnattan s’inclina devant elle, comme il avait vu le baron faire quelque fois devant des dames.
Elle sourit davantage et poursuivit sa route.

Le soir, Johnattan voulait l’épouser et il se masturba avec plus d’entrain encore.

Le lendemain, plein d’entrain, il alla au village et ne prêta pas attention aux murmures sur son passage. Il comprit bien que quelque chose s’était passé sur la place du village quelques temps auparavant mais lui ne pensait qu’à Marguerite.
Il arriva à la boutique du tisserand et demanda la main de Marguerite à son père qui le fixa avec des yeux éberlués.
Johnattan fut certain que les cris qu’il poussa attirèrent tout le village devant la boutique.
Tout le monde était là et tout le monde assista à sa honte.
En voulant fuir, il tomba et les gens rirent de sa maladresse.
Parmi eux, se trouvait Marguerite, et elle riait aussi fort que les autres, aux bras d’un jeune homme vêtu d’un pourpoint de qualité.

Johnattan sentit la haine monter, plus forte que tout, balayant tout, et il s’enfuit à toutes jambes, retrouvant ses chiens qui hurlèrent à la mort en le voyant, peureux pour la première fois depuis qu’il les connaissait.
Il resta dans son coin, ruminant sa vengeance, honteux de ce qu’il avait fait au village, de ses rêves brisés et de toute sa vie misérable.
Le soir, il se tournait et se retournait dans son lit, s’agitant sans cesse, ses poings se crispant sur le vide, se refermant autour d’une gorge invisible, et il se réveillait et hurlant le nom de Marguerite.

Tout ce qui se passait alors au château lui était indifférent.
D’ailleurs, il ne se rendit pas compte que plus personne ne venait le voir depuis des semaines.
Oublieux de tout, il ne pensa même pas à nourrir ses chiens.

Alors il prit une terrible décision.
Un soir d’orage, il gagna le village sous une cape afin de dissimuler son visage.
Grimpant à un arbre, il gagna la fenêtre de la chambre de Marguerite. Attendant que le tonnerre retentisse, il brisa le verre et entra à la lumière d’un éclair.
Elle était là, dans ses draps remontés jusqu’au menton, dormant malgré le temps.
Johnattan s’approcha d’elle et abaissa la couverture, admirant les courbes de son corps malgré sa robe de nuit.
Lorsqu’elle s’éveilla, il posa sa main sur sa bouche pour l’empêcher de crier et la frappa violemment, lui brisant l’arcade sourcilière.
Alors qu’elle poussait un gémissement étouffé, il la frappa à nouveau du même côté, puis encore une fois, jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse.
Totalement possédé, il releva alors sa robe jusqu’à apercevoir son sexe.
Abaissant ses braies, il s’échina à entrer en elle et poussa, brisant son hymen en la pénétrant.
Il donna quelques va et viens et jouit immédiatement en gémissant et frémissant de tout son corps.
Il se rappelle avoir pleuré ensuite. Il l’avait embrassé en pleurant, avait voulu la réveiller, toujours en pleurant.
Mais ses yeux ne s’ouvraient pas.
Johnattan comprit alors.

Combien de temps passa-t-il dans la chambre de Marguerite, il ne le sut pas vraiment.
Mais, à un moment, il se releva et dégaina son couteau de chasse.

Alors que l’orage se calmait, il retourna au château, le cœur de Marguerite dans sa gibecière.
Il était damné, il le savait, jamais il n’irait au paradis désormais.
Peu importe, il avait eu sa vengeance. Les femmes ne se moqueraient plus de lui, elles ne riraient plus de lui, elles ne diraient plus qu’il sentait le chien.
Dans une chambre, au premier étage de la boutique du tisserand, il y avait une fille qui gisait là, troussée jusqu’à la taille, avec un trou dans la poitrine, qui le leur rappellerait à tous ce qu’il était capable de faire.

Mais Johnattan ne voulait pas attendre jusque là.
Il se moquait de vivre désormais.
Arrivé devant les cages où dormaient ses bêtes, il les fixa toutes, les unes après les autres, se rappelant tous les détails les concernant depuis qu’il les avait eu.
Elles étaient faméliques désormais et heurtaient les cages pour s’échapper.
Depuis combien de temps ne leur avait-il pas donné à manger ?

Il alla chercher une corde alors et la passa sous la barre d’ouverture de chaque cage.
Ensuite, il s’assit au milieu de la pièce et retira le cœur de Marguerite de la gibecière.
Le posant sur ses genoux, il tira sur la corde qui ouvrit simultanément toutes les cages.
Les chiens, ses chiens se ruèrent sur lui et il hurla quand des dizaines de mâchoires se refermèrent sur sa chair.

Le lendemain, quand il s’éveilla, il n’avait plus d’habits sur lui mais sa chair était intacte, ou presque. Il pouvait voir à travers.
Alors il hurla car il savait que même l’oubli ne lui serait pas accordé.
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Constanc
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 17:53

Vraiment, elle est superbe ton histoire ! La haine et l'amour. Le pauvre Jon ! lol
J'ai presqu'envie de le consoler... presque lol

Maintenant on comprend mieux ton personnage. Wink
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Christia
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 17:54

Merci Constance. Ca me touche.
Tu es sûre que tu ne veux pas le consoler lol ?
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Constanc
Invité
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 17:56

Bah si il arrêtait de se moquer d'elle aussi ! lol Tu ne crois tout de même pas qu'elle se pliera à toi ! Elle est beaucoup trop têtue ! Razz
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Christia
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 18:05

Non, de toute façon il a laissé ça de côté pour l'instant.
Et juste un ch'ti bisou ? lol
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Constanc
Invité
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 18:10

Hmmmm... peut-être bien... si tu es gentil avec moi, ca peut toujours se produire lol

Faut vraiment être gentil hein ! Wink
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Christia
Invité
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 18:14

Bon ben c'est râté alors, mon perso il est pas gentil !
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Elora De
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 17 Juin - 19:20

Sublime!!!
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Constanc
Invité
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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Dim 18 Juin - 1:14

Bon alors soit méchant-gentil lol Un peu des deux. De toute façon, trop gentil ca lui portera sur les nerfs à la longue mdr ! Rolling Eyes

Et puis d'ailleurs, je vois mal Jon trop gentil. C'est le personnage même qui changerais et ce n'est pas ce que l'on veut. Moi, je trouve ton personnage original et il fait un peu de piquant dans ce jeu.
C'est ce qu'il faut Wink
Ca prend des méchants et des gentils donc... Soit trèeeeeeeees vilain garçon !

Rend- nous la mort pénible lol
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Christia
Invité
Anonymous



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MessageSujet: Re: Nouvelle pour le jeu   Nouvelle pour le jeu Iconminitimess5Sam 15 Juil - 18:34

Voici une autre nouvelle pour un autre de mes personnages qui n'est pas resté longtemps puisqu'il va mourir bientôt lol mais je lui trouvais une histoire originale.

J'espère qu'elle vous plaira.

Vengeance


Nouvelle




Ce fut par une nuit sans lune que Karl Landfer vit son père mourir et qu’il jura vengeance en son nom.
Par une nuit sans lune, aussi, qu’il tua le premier de ses assassins, en traître, par derrière, dans une ruelle sale attenante à une taverne.
Karl n’aimait pas les nuits sans lune, c’était ainsi. Deux mauvais souvenirs y étaient attachés.
En revanche, il aimait le soleil, plus que tout autre chose.
Quand on a travaillé dans une mine, la lueur du soleil prend une toute autre signification, et Karl avait passé 10 années dans une mine, essayant de ramener un salaire supplémentaire à la famille.
Il avait 7 ans quand il était devenu mineur, ce qui ne choquait personne à cette époque. La plupart de leurs voisins faisaient la même chose. Lorsque seul le père travaillait, il n’y avait guère d’autres choix pour un fils aîné.
Alors Karl n’était pas allé à l’école alors qu’il voyait les enfants Strauss y aller, eux dont le père était contremaître et qui avait assez d’argent pour envoyer ses enfants à l’école.
Dès 7 ans, il apprenait à chérir le soleil les dimanches, lorsque la mine fermait, jour du seigneur oblige. Les prêtres veillaient à cela et Karl en remerciait Dieu sincèrement, pensant qu’il forçait les patrons et les contremaîtres à les faire obéir.
Bien sûr, le fait que eux aussi aillent à la messe le troublait mais il s’arrangeait quand même dans sa conscience d’enfant avec ce paradoxe.
Son père lui apprenait le métier, ainsi que beaucoup d’autres choses, notamment à tenir une épée, ce que Karl adorait. Il apprit plus tard que son père avait été un ancien soldat dans l’armée du roi, qu’il était parti lorsqu’il avait rencontré sa mère, mais il avait eu le droit de garder son épée, ainsi qu’une décoration qu’il tenait enfermé dans un tiroir de leur chambre, là où Karl et ses frères et sœurs, 5 enfants en tout, n’avaient jamais le droit d’entrer.
De mémoire de Karl, jamais l’un d’entre eux n’avait outrepassé cet ordre.
Lorsque son père lui montra le ruban bleu avec l’étoile doré accrochée au bout, il lui expliqua que le roi lui avait remis ceci après une bataille féroce contre des envahisseurs.
Cette médaille symbolisait le courage et c’était ce que Gustav, son père, avait de plus précieux.
Karl essayait encore de comprendre comment un tel homme pouvait finir dans une mine, dirigé par des abrutis tels que les Strauss. Un jour, Gustav lui expliqua que quand il avait connu sa mère, il avait une petite rente et qu’ils avaient pu se payer leur maison grâce à cela, mais qu’ensuite, il avait fallu travailler car sa femme était enceinte de lui et qu’il fallait bien manger. La mine, ce n’était pas pire que la guerre lui dit-il un jour. Karl, pour une fois, ne le cru pas, rien n’était aussi terrible que la mine.
En cela, il se trompait, bien sûr.

Karl grandit dans cette ambiance à peu près heureuse, entre ses frères et sœurs qu’il adorait, son père qu’il adulait et sa mère un peu trop effacée. Mais c’était sa mère et il l’aimait tendrement. Gustav passait souvent ses dimanches avec Karl, à lui enseigner les rudiments de l’épée, une belle lame que son père entretenait minutieusement. Il félicitait souvent son fils pour ses progrès et Karl aimait particulièrement quand son père lui passait sa large main dans les cheveux, les ébouriffant, à chaque fois qu’il réussissait un exercice nouveau.
Bien sûr, il y avait aussi la mine, avec le contremaître qu’il détestait, qu’ils détestaient tous, mais Gustav, lui, n’en disait jamais rien devant son fils.

Et puis, il y eut ce jour merveilleux où Karl, à l’âge de 16 ans, avait découvert l’amour dans les bras d’une brave fille du village, un peu stupide mais qui acceptait des attouchements derrière l’église sans rien dire. Karl avait juste poussé le jeu un peu plus loin, comme la plupart de ses amis, et elle s’était laissée faire. C’était une brave fille et Karl l’avait remercié en lui offrant un faisan qu’il avait chassé.

Bien sûr, il ne l’aimait pas, celle qu’il voyait, c’était plutôt Margrith Strauss, la fille du contremaître. Une belle jeune fille, avec ses cheveux blonds torsadés et ses robes hors de prix, et ses yeux couleur de l’océan.
Elle ne voyait personne du village bien entendu, on ne mélangeait pas les fils d’ouvrier et ceux des gens plus hauts placés, monsieur Strauss le lui avait mainte fois répété et Margrith écoutait toujours son père.
Karl se contentait de rêver, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, à cette belle jeune fille à la peau pâle. Et, parfois, de l’obscurité de sa chambre, la nuit, il rêvait qu’il la touchait comme il avait touché la simplette, et il se caressait seul jusqu’à ce qu’il soupire enfin et que la délivrance survienne.

Oui, quelque part entre misère et promesse d’un avenir incertain, avec son père et sa famille qui grandissait, Karl toucha un bonheur fugitif.

Qui disparut beaucoup plus rapidement.

Jamais Karl n’avait soupçonné son père de jouer de plus en plus dans les tavernes de la ville.
Il vieillissait, il n’entraînait quasiment plus son fils. De toute façon, il y avait belle lurette que Karl le dépassait désormais. Gustav ne couchait guère plus avec sa femme non plus, vieillie trop rapidement, fanée comme une fleur cueillie trop tôt.
Alors il buvait et il jouait.
Et il perdait.
Tous les enfants travaillaient à la mine ou comme servantes, pour les filles, et le revenu rentrait malgré les pertes. Karl se doutait de quelque chose mais son père était trop fier pour en parler.
Aussi, quand 4 gaillards costauds arrivèrent chez eux un soir, accusant Gustav de leur devoir une somme incroyable, Karl se mit-il en travers du chemin. On savait qu’il maniait l’épée, on laissait glisser, mais leurs regards en dirent long.
Trois jours plus tard, par une nuit sans lune, ils revinrent, silencieusement cette fois. Ils entrèrent dans cette demeure qui n’avait pas de verrous et immobilisèrent Karl et son père avant qu’ils aient réellement réagit.

Ils attachèrent Karl en souriant, alignant toute la petite famille le long d’un mur. Ils n’avaient pas apprécié la rebuffade de l’autre jour et entendait bien se venger. Se venger de Karl plus que de Gustav d’ailleurs. Ils laissèrent en paix les plus jeunes, les deux frères de Karl et la petite dernière, mais pas les autres.
Ils tuèrent Gustav en lui plantant sa propre épée dans le cœur, celle avec laquelle Karl s’était entraîné.
Puis, il mirent sa mère sur le lit, devant tout le monde, et la violèrent à tour de rôle. Puis ils s’occupèrent de sa sœur, qui avait à peine 14 ans.
C’était une nuit sans lune. Ils prirent leur temps, recommençant plusieurs fois en frappant Karl entre temps, histoire de s’occuper.
Quand enfin la nuit prit fin, ils partirent en riant.
Karl resta alité trois jours durant. Avec toutes ses fractures, il faillit y laisser la vie. Il avait le visage hagard et dans ses oreilles hurlait toujours sa sœur. Elle aussi restait au lit. C’étaient des voisines qui venaient les aider, le prêtre aussi passait de temps en temps, mais jamais de médecins car c’était beaucoup trop cher, et les brigands étaient partis en emmenant tout ce qui avait de la valeur, y compris l’épée ensanglantée de son père.
Karl, heureusement, se remit tant bien que mal, ainsi que sa sœur, mais que plus aucun homme ne pouvait approcher.

Les autres enfants continuaient à aller à la mine et à gagner un peu d’argent, mais ils vécurent sans le sou pendant plusieurs mois, se nourrissant grâce aux voisins qui leur apportaient des choses de temps en temps. Leur mère leur disait que tout allait s’arranger désormais, mais Gustav était mort et jamais sa sœur ne trouverait d’époux désormais.
En Karl brûlait la flamme d’une haine tellement profonde qu’elle le dévorait de l’intérieur. Pour ceux qui avaient fait ça, bien sûr, pour son père qui les avait mis dans cette situation, pour cette mère trop lâche pour avouer la vérité : que rien n’irait jamais plus.

Karl avait encore ses amis et, eux aussi, du haut de leurs 17 ans, rêvaient de venger sa famille.
Alors ils s’organisèrent, à la demande de Karl, et en secret, pour trouver les noms de ceux qui avaient fait ça.
Karl n’en apprit qu’un, au départ, un homme qui allait souvent boire dans une auberge du village voisin.
Il le tua par une nuit sans lune, par derrière, avec un couteau émoussé. Il savait où frapper, son père le lui avait apprit, et l’homme mit longtemps à mourir, le temps de souffrir et le temps de lui avouer le nom de ses complices. Ses amis étaient là, en retrait. Ils avaient promis de ne pas intervenir, sauf si Karl échouait.
A eux tous, ils retrouvèrent les trois derniers. A eux tous, ils se vengèrent, même si ce fut Karl qui porta les coups meurtriers. En revanche, jamais ils ne retrouvèrent l’épée.

Karl était déçu mais la vengeance était accomplie et cela seul comptait.
Il n’avait plus qu’à reprendre sa vie, trouver une petite femme et fonder sa propre famille.

Bien sûr, comme souvent en de tels cas, le destin s’en mêla et il advint que jamais Karl ne fonda de famille.
Lorsqu’il alla voir Strauss, le contremaître, pour reprendre sa place dans la mine, il croisa deux enfants de cet homme qui jouaient dans la cour de leur demeure, et l’un de ses deux enfants, très jeunes encore, arborait l’épée de son père.

A aucun moment il n’imagina que l’un des détrousseurs ait pu vendre l’épée à Strauss. Il sut, tout de suite, avec un instinct aigu, que c’était le contremaître qui avait payé les quatre types.

Alors il fit demi tour et attendit une semaine avant d’agir, montant son plan dans la sa tête.
D’abord, il alla récupérer l’épée en pénétrant par effraction dans la demeure. Il monta ensuite les escaliers lentement et pénétra dans la chambre de Margrith. S’il avait bien entendu, elle devait se marier quelques jours plus tard.
Quelques jours trop tard surtout.
Il aurait pu faire aboutir sa vengeance encore plus profondément en la violant devant ses parents mais la pauvre n’y était sans doute pour rien.
Il se contenta de la tuer, très vite, en lui plongeant l’épée dans le cœur pendant qu’elle dormait.
Ensuite, il alla dans la chambre des parents et fit de même avec la femme de Strauss.
Lui se réveilla et voulut hurler mais c’était trop tard.
Passant au-dessus du cadavre de sa femme, il lui planta l’épée de son père dans la gorge et le regarda s’étouffer lentement.
Il savait que s’il avait retiré l’épée, il serait mort plus vite, mais il profita des longues minutes que dura l’agonie.

Lorsque Strauss mourut, Karl retira l’épée, la nettoya avec le drap puis s’en fut à jamais de ce pays maudit.
Il ne retourna pas chez sa mère, se disant qu’il était désormais un meurtrier, et qu’il serait plus utile loin d’eux.
Personne ne pouvait soupçonner que c’était lui, pour l’instant, mais la garde recherchait un minimum l’assassin de toute une famille et ils trouveraient peut-être, s’ils faisaient du zèle, la dette qu’avait contracté son père auprès de Strauss.

Karl, en marchant en pleine nuit vers son destin, ne songea pas à voler les livres de comptes de Strauss, ce qui aurait pu le sauver en enlevant toute preuve contre son père, et donc contre lui.
Mais il n’y pensa pas.

La seule chose qu’il voyait, c’était la nuit, la nuit où seules les étoiles brillaient.
Une nuit sans lune.
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