Evangeline s'était retrouvée à la bibliothèque sans même s'en rendre compte. Elle pleurait lorsqu'elle avait traversé le mur. La jeune femme avait aperçu l'endroit où jadis son père avait dormi et été malade, l'endroit où dans un accès de pure démence, il avait entretenu l'idée d'exterminer sa fille aînée, sa fierté, son trésor, parce qu'elle n'était pas malade.
La demoiselle entra donc via un mur dans la bibliothèque. Le silence régnait, ou presque. Un bruit de livre qu'on déplace évoquait la présence d'une personne.... Probablement vivante à en juger la chaleur qui émanait dans cette pièce. Evangeline fut prise de panique! Et si la personne la voyait... Elle prendrait surement peur; la fantôme avait une tête d'enterrement! Dans un excès d'émotions, Evangeline se mit à changer involontairement le climat de la pièce, la rendant très froide avec une atmosphère plutôt lourde, due à son angoisse.
Mais la curiosité de la demoiselle De Sévigny l'emporta sur tout. Elle s'approcha du rayon d'où le bruit émanait. Il y avait là une femme, vivante en plus, qui feuilletait un volume sur l'histoire du château. La fantôme connaissait bien l'histoire du château elle, la pauvre y avait vécu dix-neuf années en vie en plus de cent autres années sous la forme de fantôme! Inconsciement, Evangeline soupira à voix haute, dévoilant sa présence à la femme.