Hérésie

Marie Leugerec était songeuse. Le soir d’avant, elle était revenue sur ses pas en compagnie du chevalier, mais elle avait du se rendre à l’évidence que la jeune musicienne avait quitté son poste. Eh oui, avec les vivants, l’ennuis était que, malgré toute leur bonne volonté, il fallait bien qu’ils mangent et qu’ils dorment de temps en temps, et cela même si ils étaient passionnés par ce qu’ils faisaient.

Aussi avait-elle fini par se séparer de l’autre esprit afin d’aller vaquer à ses occupations – si elle pouvait appeler ainsi le fait d’errer dans les couloirs en remettant en place les choses qui avaient été déplacées par les nouveaux intrus. Peut-être que Christian penserait que cela servait à rien, et peut-être avait-il raison, mais qu’importe…

C’est dans la salle de bal que Marie tomba sur une nouvelle hérésie: L’ancien lustre qui avait déjà été là à son époque avait été remplacé par une chose qui ressemblait vaguement à un saladier suspendu au plafond et que la fée électricité illuminait comme par magie.
Marie poussa une plainte, pris une chaise, grimpa dessus et se mit à tirer sur cette horreur qui avait remplacé le lustre de cristal. La lampe céda et s’écrasa par terre dans un fracas, entraînant l’esprit à sa suite.

Lentement, Marie se remit debout. Ses bras frêles passèrent à travers l’horrible lampe tandis qu’elle se relevait. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle allait faire de cette chose que le nouveau propriétaire avait cru bon de fixer au plafond, aussi, il lui fallait retrouver le lustre d’origine. Ou avait-il bien pu l’emporter? A la cave peut-être?

Marie savait que le château était grand et que sa recherche équivalait à celle d’une aiguille dans une botte de foin. Pourtant, il y avait un moyen plus simple d’y arriver…demander à celui qui devait le savoir! Marie n’aimait pas vraiment l’idée de se confronter aux vivants, mais si elle espérait leur inculquer le respect pour « son » château, il allait bien falloir le faire comprendre que certaines choses ne se faisaient pas.

Décidée, Marie balança l’horrible lampe par une fenêtre entrouverte et s’appuya contre le mur, histoire de reprendre son « souffle ». Lever des objets pesants la fatiguait, ainsi elle avait le temps…beaucoup de temps.

Le voyage d'Eric jusqu'à l'hôtel ainsi que son arrivé à la réception aurait pu être digne du roman écrit par John Polidori et qui avait le nom évocateur de The Vampyre. La porte s'ouvrant à la volée, la cape claquant à cause du vent qui s'y était engouffré, les grands pas jusqu'à la réception. Eric Wirral donnait l'impression d'être poursuivi par le Diable a défaut de l'être lui-même. Il ne manquait plus que le tonnerre et la pluie pour rajouter au sinistre de son apparence.
Pendant les questions d'usages du réceptionniste, le faux médium avait tapoté avec agacement ses ongles sur le bureau de réception. L'employé était décidément trop lent pour lui.
La question sur sa durée de son séjour lui avait fait réprimer un rictus amer.

*Combien de temps ? Combien de temps ?! La vraie question est de savoir combien de temps il me reste.*

Il lâcha une semaine en stipulant que l'argent n'était pas un problème. Il espérait survivre au séjour et trouver en ses lieux le remède à ses souffrances.
Trop impatient d'en finir avec les formalités, il arracha presque la clef de sa chambre des mains du domestique. Eric avait même hésité à la prendre, il ne comptait pas séjourné énormément dans sa chambre d'hôtel. C'était le reste de la bâtisse qui l'intéressait. De toute façon, la fièvre et les sueurs nocturnes causées par sa maladie avaient eu vite raison de ses envies de dormir.
Grommelant un vague merci, emportant son maigre sac contenant ses recherches, il traversa le Hall d'entrée toujours en ouvrant les portes à la volée.
Le premier lieu qu'il devait chercher lui semblait limpide, il avait eut tout le voyage pour y penser. Ce château devait posséder une bibliothèque ou des archives, là-bas se trouvait certainement un début de réponse.
Eric avait ouvert la porte menant à la salle de bal. Au même moment où il réalisa qu'il était perdu, ses forces semblaient être happées d'un coup tel un coup d'épée donner dans son dos, l'obligeant à mettre un genou à terre tandis que sa main se cramponnait à la poignée de porte.
Eric serra les dents et étouffa un juron alors qu'une nouvelle quinte de toux menaçait de le prendre à la gorge. Bien sûr, il savait ce qui se passait. Son esprit était mû par un sentiment d'urgence que son corps rongé par la maladie ne pouvait suivre. Cela se produisait comme maintenant lorsqu'il se hâtait trop. La crainte de ne pas arriver vivant à l'hôtel l'avait pressé, il n'en avait pas tenu compte. Il ne tenait compte de sa faiblesse que lorsqu'il n'avait pas le choix.
Lentement la crise passa, le faux médium retrouva son souffle et se redressa. Toujours sa main sur la poignée de porte, il ferma les yeux et écouta d'abord avec peur puis rassurée les battements de son cœur.
Dieu merci, il était encore en vie.
Il finit par entrée dans la pièce, l'examina pour trouver un indice pour retrouver son chemin. Il poussa un soupir quand il vit que rien ne semblait indiquer la direction de la bibliothèque.
C'est alors qu'il vit une autre personne. Une légère angoisse l'avait prit un millième de seconde à l'idée que cette personne pouvait avoir assister à sa crise. Il avait fait temps d'effort depuis le début pour cacher sa maladie.

Marie ne savait pas combien de temps elle avait passé, simplement adossée au mur, les yeux fermés, afin de reprendre un minimum de forces, lorsqu’elle entendit un bruit de pas qui s’approchait rapidement de l’endroit où elle se trouvait. Peut-être était-ce Christian le Chevalier, étant donné que celui-ci ne faisait guère attention à se déplacer d’une manière discrète, mais Marie dut bien vite se rendre à l’évidence qu’il s’agissait sans doute d’un vivant, étant donné qu’elle ne ressentait pas de froid glacial, pourtant typique chez les fantômes.

Prise d’inquiétude, Marie décolla son dos du mur et voulu courir afin de disparaître à travers le mur qui séparait la salle de bal de du salon bleu, mais elle du rapidement se rendre à l’évidence que son remue-ménage l’avait fatiguée et qu’elle se sentait incapable de traîner sa carcasse fantomatique à travers cette énorme salle. De plus, Marie n’avait, depuis quelques secondes, plus de raison de prendre la fuite, cas les pas pesants s’étaient arrêtés, juste devant la porte.
Mais soudain, quelqu’un ouvrit la porte, provoquant un sursaut chez la jeune servante, figée à l’endroit exact où elle s’était tenue depuis le début. De l’autre côté, quelqu’un se mit à tousser. Pour Marie, qui avait elle-même été touchée d’un mal du poumon, su immédiatement que la toux qu’elle entendait n’était pas seulement celle n’une personne qui avait couru trop vite ou qui avait avalé de travers. Une personne qui toussait de cette manière était malade, gravement malade.

Alors qu’elle écoutait toujours tousser cette personne – qui devait probablement être un homme – Marie réalisa qu’elle avait retenu son souffle. Bien sur, cela ne changeait pas grand-chose à sa condition, mais elle avait gardé certains réflexes de vivante qui se manifestaient lors d’occasions comme celle-ci.

Au bout de quelques minutes, l’homme se calma et, alors que Marie espérait qu’il allait rebrousser chemin pour aller se mettre au coin du feu – ce qui aurait été la chose la plus raisonnable à faire - il pénétra dans la pièce.
Si Marie avait pu reculer, elle ne s’en serait sûrement pas privée, car l’inconnu qui lui faisait face avait tout du vampire – du moins, comme Marie imaginait ces personnages d’après les récits qu’elle avait pu glaner ça et là: Grand, maigre, la quarantaine environ, des longs cheveux roux et une cape qui formait des larges plis en tombant de ses épaules. Face à cet inconnu, Marie paraissait presque plus à sa place dans ses vêtements démodés depuis pas loin d’un siècle, tant cet homme avait l’air étrange.
Lorsque le nouveau venu aperçut Marie, il eut l’air si surpris que la jeune servante en avait presque la chair de poule.

Mais ce n’est pas vrai ! C’est QUI, le fantôme ici ?, se demanda Marie lorsqu’elle se rendit compte qu’elle aurait sans doute été la première à déguerpir si le regard de l’inconnu ne l’avait pas figé sur place.
« Je…je…rangeais, Monsieur. Voulez-vous que je vous laisse, afin que vous puissiez profiter de la salle ? »
Alors qu’elle était encore entrain de parler, Marie aurait aimé pouvoir ravaler chacune de ses paroles: Non seulement, c’était elle, le fantôme, l’esprit frappeur, la terreur de tout bambin, qui avait lamentablement sursauté à l’entrée du vivant mais, en plus, elle lui avait proposé de le laisser « profiter de la salle ». Certes, il allait pouvoir faire ses menuets tranquilles…les vampires dansaient-ils le menuet ?

Eric Wirral reprit vite son sang froid lorsqu'il crut deviner à la réaction de la domestique qu'elle n'avait rien remarquée. Comme il ne faisait aucun doute pour lui que la personne qui se trouvait devant lui était un être bien vivant et non un fantôme. Même s'il avait tout essayer pour guérir sa maladie, il ne croyait toujours pas aux
spectres.
A la rigueur, il pouvait admettre que le terme 'spectre' pour le château était une divagation des villageois se trouvant face à un phénomène que la science de l'époque ne pouvait expliquer.

En temps normal, il se serait comporter avec une extrême désobligeance envers la domestique mais son empressement et aussi la fragilité qu'avait causé sa crise quelques minutes plus tôt, l'en empêchèrent.
Il préféra aller droit au but tout en s'épongeant légèrement le front pour effacer la sueur fiévreuse qui commençait à y apparaître.


"En réalité, je viens juste d'arriver et..." Il eut un rire maladroit en indiquant la salle de bal d'un geste large. "Le château est si grand, je crois bien m'être égaré.
Pourriez-vous me dire où se trouve la bibliothèque ?" Dit-il d'une voix polie avec un mince sourire maladroit qui ne semblait guère lui aller.

Comme la jeune fille avait parlé de rangement, instantanément, il eut le réflexe de mieux inspecter la pièce. Il remarqua l'absence de lustre ou de tout autre chose pour le remplacer, il ne sembla pas s'en étonner, tout au plus il leva un sourcil interrogateur. Mais après tout, les envies de décoration du propriétaire ne le regardait pas.

Il pria intérieurement pour que justement le nouveau propriétaire de l'hôtel ne s'était pas débarrassé des plus anciens ouvrages, ou pire : Qu’il ait remplacé la bibliothèque pour l'aménager en autre chose de plus lucratif.

S'il imaginait le pire, c'était tout simplement parce qu'il aurait certainement fait la même chose si cela lui permettait de gagner davantage d'argent.

L’inconnu coupa rapidement court aux essais de justification de la part de Marie car, au lieu de se demander ce qu’elle pouvait bien faire à – sans balais ni chiffon à poussière - il en vint immédiatement aux faits.
"En réalité, je viens juste d'arriver et...Le château est si grand, je crois bien m'être égaré.
Pourriez-vous me dire où se trouve la bibliothèque ?"
Le fait qu’il venait juste d’arriver, Marie le savait, car même si elle prenait habituellement ses distances envers les vivants, un spécimen aussi étrange que celui-là aurait vite fait de capter son attention. Bien loin de l’image des beaux courtisans de son époque, cet homme appartenait à un tout autre genre que Marie ne parvenait pas à identifier.

Que cherchait-il ? Ah oui, la bibliothèque…
Maire plissa le front et essaya tant bien que mal de se souvenir comment accéder à la bibliothèque en prenant la peine de suivre les couloirs. Avant sa mort, elle s’y était rendu qu’un ou deux fois pour y faire le ménage, peut-être avait-elle pris le temps de laisser son regard se poser quelques minutes sur l’impressionnante collection de livres reliés de cuir, mais il y avait toujours eu un majordome ou un noble pour la rappeler à l’ordre. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle avait pu s’y rendre en toute liberté, traversant les murs au gré de ses envies. Pourtant, alors que Marie pouvait désormais s’y rendre quand elle le voulait, cet endroit la rendait mal à l’aise. Ce n’était pas son monde, cela ne l’avait jamais été.

Alors, comment diantre devait-elle faire pour en expliquer le chemin à cet homme ?

Optimiste, Marie tenta le coup:
« La bibliothèque ? Oh, elle est dans une autre aile du château. D’abord, il vous faut sortir d’ici par la porte opposée, suivre le couloir, redescendre les escaliers plus tourner à droite…non, attendez, plutôt à gauche, puis monter les escaliers menant à l’aile sud, passer la dans la salle des chevaliers et reprendre à gauche…non, à droite…an, non, après la salle des chevaliers, c’est tout droit…et d’ailleurs, je crois qu’il y a un chemin plus simple… »
Marie finit par se taire alors qu’elle venait de comprendre qu’elle n’y parviendrait pas et que le vivant allait finir par perdre patience. D’ailleurs, il empestait la maladie, certes, une onde trop faible pour être perçue par un vivant, mais clairement distinguable pour un esprit, et surtout pour Marie, qui avait déjà eu cette faculté dans une moindre mesure de son vivant. Elle décida alors de couper court à ses explications, avant de donner le tournis à ce pauvre homme.
« …Je crois que…je ferais mieux de vous montrer. »

La première pensée qui avait surgit dans l'esprit d'Eric était quelque chose du genre : Pourquoi ai-je demandé çà ?
Surtout quand il vit Marie plisser le front dans une mine d'intense réflexion. Eric Wirral réprima de rouler les yeux d'exaspération et se contenta donc de croiser les bras et d'attendre la réponse.
C'était dire s'il avait besoin de cette indication !
Quoi que lorsqu'il entendit les explications de la domestique, il se demandait s'il ne fallait pas mieux reprendre la route et chercher par soi-même. Sans doute arrivera-t-il plus vite. Il commençait à avoir des difficultés à retenir son impatience, il craignait toujours que la jeune fille ne termine ses explications par un : au fait, je crois qu'il n'y a plus de bibliothèque.
Son regard plongé dans la réflexion, il essaya de dénicher un semblant de chemin dans les paroles de la domestique. Chose qui demandait visiblement toute son attention.
Il accueillit donc avec soulagement la proposition de Marie de l'y conduire, bien qu'il ait l'impression qu'elle n'irait jamais assez vite pour lui montrer la bibliothèque. Pourtant, après la crise de toux qu'il avait eue dès son arrivé, Eric devait bien admettre qu'il devra suivre la domestique dans un rythme plus calme que son habituelle marche forcée.

Il était déjà pressé de quitter la salle de bal, qui lui rappelait trop certain plaisir qu'il s'offrait lors de réception donner par ses clients. Le souvenir aurait pu lui être agréable si l'épée de Damoclès que représentait son mal n'était pas présente pour lui faire réaliser que peut-être ne vivra-t-il plus assez longtemps pour assister à de tels évènements.

"Je vous en remercie." Dit-il toujours sur son ton aimable et son sourire, sourire qui sonnait plus faux que jamais après son attente.

Eric saisit son maigre et unique bagage qu'il n'avait toujours pas déposé dans sa chambre ensuite, il fit un geste pour inviter Marie à passer devant lui pour le guider.
Ce simple geste pouvait renforcer l'impression vampirique qui émanait de lui mais il fallait dire qu'Eric s'était trop habitué à sa gestuelle particulière pour s'en appercevoir ou la corriger.

Alors que le client inconnu lui souriait, Marie était pourtant certaine de ne détecter aucune chaleur ni aucun intérêt dans son sourire. Cette manie de tirer sur les coins de la bouche et de montrer les dents, Marie ne la connaissait que trop bien, car c’était la technique qu’adoptaient généralement les jeunes nobles de son époque face à une personne plus âgée qui pouvait être pour eux une source d’argent ou une source d’ennui.
« Je vous en remercie », finit-il tout de même par répondre, ce qui était déjà pas mal, surtout face à une jeune domestique qui portait ses cheveux déliés et qui avait visiblement pas de quoi s’acheter des nouveaux vêtements et portait donc ceux de son arrière grand-mère.

Pourtant, alors que l’homme se baisait pour ramasser son bagage, Marie du se rendre à l’évidence qu’elle venait de lui proposer de l’amener jusqu’à la bibliothèque, alors qu’elle avait brûlé une bonne partie de son énergie en s’occupant de cette horrible installation qui avait pris la place de l’ancien lustre. Maintenant, Marie le regrettait car, bien qu’impardonnable, cette faute de goût aurait pu attendre, alors que la patience ne semblait pas vraiment être la vertu que cet homme possédait à profusion.
Marie su qu’elle devrait puiser dans ses réserves pour rester matérielle, pour empêcher sa substance de devenir transparente. Alors qu’il aurait été bien plus simple de disparaître à travers un mur, certains vieux réflexes de son ancienne vie étaient encore et toujours présents, si bien que Marie se sentait désormais obligée d’amener cet homme vers la bibliothèque.

« Alors suivez-moi », dit finalement la jeune fille, traversa la salle et passa devant l’homme qui le lui avait ordonné d’un geste. Si elle avait été vivante, Marie aurait eu la chair de poule de devoir passer devant cet homme qui donnait l’impression de vouloir lui mordre la gorge dès qu’elle aurait le dos tourné. Pourtant, si ce vampire essayait, il serait sans doute le plus surpris des deux…
Marie avança vers la porte et voulu attraper la poignée. Sa main passa à travers. L’esprit de la jeune servante réprima un nouveau sursaut et se mordit les lèvres afin de se concentrer. Matérielle…elle devait rester matérielle…et attraper cette maudite poignée. Les pas de l’homme raisonnaient déjà derrière elle. La servante fixa la poignée, y posa la main et ouvrit la porte.
Combien de portes y avait-il entre cette salle et la bibliothèque ? Marie ne les avait jamais contées, mais elle était pourtant certaine qu’il y en avait beaucoup trop…


TBC : La Bibliothèque.

Un reste de politesse obligea Eric à attendre que la domestique se soit avancé avant de suivre le mouvement et non collé à ses pas comme une ombre. Il traversa la salle sans regret et réfléchissait déjà à la bibliothèque plutôt que de traîner ses pensées à l’endroit où il se trouvait encore.
Ce léger décalage l’empêcha de voir la main de Marie traverser la poignée. La seule chose qu’il remarqua alors qu’il s’approchait, était qu’elle mettait étrangement du temps pour ouvrir une banale porte.
Il faillit demander ce qu’il se passait, tout cela dans un but plus égoïste que poli. Mais il se ravisa car il ne voulait pas rallonger inutile le court voyage et surtout il n’en avait rien à faire des justifications de la jeune fille.
Même s’il avait été témoin du phénomène étrange, il a été prouvé qu’un esprit borné ne verrait que ce qui lui plait. Hors, Eric pouvait se montrer incroyablement borné pour certaines choses, à commencer par ses croyances personnelles. Il aurait sans doute attribué la main passant à travers la poignée à une hallucination. Ce qui était encore logique vu son état de santé, bien que les illusions ne fassent pas partit des symptômes.

Il suivit donc Marie en prenant soin de faire claquer les portes derrière lui. Il se montra silencieux, la hâte de savoir si ce qu’il cherchait se trouvait à la bibliothèque ou non l’obligeait à garder le silence.
Dans son esprit, pensée d’espoir et de découragement luttaient avec acharnement.

TBC : La Bibliothèque.